Et bim. [PV Nath]

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 Et bim. [PV Nath]

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Haziel L. Austen
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MessageSujet: Et bim. [PV Nath]   Et bim. [PV Nath] Icon_minitimeSam 7 Jan 2012 - 22:35

C’était une journée qui commençait bien ; bien comme dans samedi, bien comme dans soleil et surtout, surtout bien comme dans grasse matinée. Le samedi, c’était par excellence le jour du rien, n’est-ce pas ?
Rituellement, Haziel ne faisait absolument rien de son samedi matin. C’était une habitude qu’il avait prise avant même d’arriver dans l’Académie Perdue – donc depuis au moins une dizaine d’années. Quoi, dix ans ? Déjà ? Haziel n’était plus sûr. Les dates et lui, ça ne l’avait jamais fait. Ça faisait longtemps, en tout cas.

Vers onze heures, cela faisait une bonne paire d’heures que l’éminent professeur était réveillé, et s’occupait principalement à laisser ses pensées dériver en suivant du regard les moulures du plafond. Il devait être l’un des seuls occupants du pensionnat à connaître par cœur ces motifs globalement abstraits, mais d’où se détachaient par moments une fleur, un fruit, ou la figure étrange d’un animal imaginaire. Sans à priori, la pensée qu’il ne s’était pas réveillé en charmante compagnie depuis un petit bout de temps traversa Haziel. Pas que cela lui manque outre mesure non plus, mais un peu d’affection ne fait jamais de mal à personne de temps en temps.
Balayant cette idée aussi vite qu’elle était venue, le brun combattit finalement sa sainte flemme en se redressant et en repoussant ses draps. Une fois debout, il dut perdre deux ou trois minutes à s’étirer dans tous les sens, en sentant craquer la quasi-totalité de ses articulations. Il portait un vieux teeshirt informe et un caleçon d’un – selon lui – très joli vert pomme, sur l’élastique duquel on pouvait lire en lettres azur « les avis, c’est comme les trous du cul. Tout le monde en a un. » Particulièrement classe monsieur Austen, bravo.

Haziel se dénuda donc entièrement, et resta en arrêt pour au moins la troisième fois cette semaine devant le petit serpent qui s’étendait de sa fesse à sa hanche gauche. Il serait quand même bon un jour de faire un effort de mémoire pour se souvenir de sa provenance. Mais pas dans l’immédiat, il avait faim. Saisissant machinalement un pantalon et un haut pas trop chiffonné, l’enseignant prit la peine de s’arrêter par la case salle de bain pour se raser, se brosser les dents et se coiffer en vitesse, c’est-à-dire faire sans aucun soin une queue de cheval avec ses mèches les plus longues, en laissant les autres vivre leur vie, tant que ça n’était pas devant ses yeux. C’est passablement échevelé que le brun quitta sa chambre ce matin-là, en constatant un peu tard que, d’une part, il était pieds nus, et que d’autre part son haut beige et large avait un espèce de col en v efféminé. Heureusement que dans tout ça son jean clair tenait la route, parce qu’il commençait objectivement à ressembler à un bohémien. En tout cas, les élèves qu’il croisa s’abstinrent de tout regard perplexe ou commentaire désobligeant , à moins qu’ils ne lui aient échappé.

Le professeur se rendit par automatisme jusqu’à la cafétéria du pensionnat, où il saisit au passage un gobelet de café et une barre chocolatée avant de poursuivre sa route. À onze heures et des bananes, il n’y avait plus un chat dans la vaste pièce, et manger seul entouré de tables vides avait quelque chose de déprimant.
Haziel se nourrit tout en déambulant sans but dans les couloirs, à la recherche d’il ne savait trop quoi. Un but, quelqu’un à qui parler ? Un exemplaire des Métamorphoses d’Ovide abandonné par terre ? Non, ça c’était moins probable, à moins que le directeur ne veuille faire sa BA du jour. Depuis le temps qu’il était là, monsieur le professeur s’était mis à soupçonner très sérieusement son supérieur hiérarchique d’être à l’origine de tout ce qui apparaissait entre ces murs. Après tout, si le directeur en personne n’avait pas un pouvoir de folie, qui l’aurait ? Les élèves. Oui, hypothèse intéressante, certains élèves avaient véritablement des capacités hallucinantes, à côté desquelles le don d’Haziel passait pour une gentille blague. Mais le brun préférait de loin son pouvoir qu’il maîtrisait parfaitement à un truc super-puissant et épuisant à contrôler.
Toutes ces considérations l’amenèrent à se rappeler d’un élève en particulier, un… pyrokynésiste, pour utiliser le mot savant. Il était bien heureux de ne jamais l’avoir eu en cours. Nathaniel, qu’il s’appelait ; Nath pour ceux qui le connaissaient un peu, et on pouvait dire qu’Haziel le connaissait un peu, un peu plus qu’un peu, même. Ça devait faire plusieurs années qu’ils se chamaillaient, en fait, bien qu’il soit impossible pour le brun de localiser dans le temps le moment de leur rencontre. À la réflexion, c’était plus parce que Nath était incapable de la boucler que parce qu’il crachait du feu qu’Haziel était ravi de n’avoir rien à lui enseigner. Et puis surtout, il ne fallait pas oublier l’incident de l’année dernière, le très chouette incident.

Bizarrement, c’était une soirée qui, au contraire de beaucoup d’autres, ne s’était pas perdue dans les limbes de l’oubli. Il se souvenait très bien du bar, de l’expression… quoi, séductrice ? de l’adolescent – Jésus Marie Joseph, il était majeur –, et puis de ce qui avait suivi.
Une jeune fille bouscula Haziel à ce moment-là, coupant net ce flux de pensées et amenant le fond de son café à venir saluer son haut. Le professeur eut un soupir, et excusa tout net la demoiselle qui se confondait en pardons. Elle était dans sa classe, il en était presque sûr, mais son nom ne l’avait pas marqué. Zut. Prof indigne.

Quand le brun put reprendre sa route après ce petit incident, ce fut donc pour aller chercher un vêtement propre dans sa chambre ; et que ce soit parce qu’il cherchait toujours à mettre un nom sur la frimousse de la gamine ou parce que les astres en avaient décidé ainsi, Haziel ne vit pas les escaliers. Et rata la rampe. Et fit un vol plané dans les règles de l’art. Et atterrit durement, trois marches plus bas, sur un malchanceux qui était au mauvais endroit au mauvais moment. Et entraîna ledit malchanceux dans sa chute, jusqu’à se retrouver trois secondes plus tard, étalés sur le marbre au pied des marches traîtresses.

Haziel se redressa douloureusement à quatre pattes, considérant le corps qui avait amorti sa chute, et la surprise lui fit oublier un instant qu’il venait de les fracasser par terre.

- Oh, salut Nath. Je pensais à toi justement. Ça fait un moment, non ?


Puis la situation lui revint à l’esprit.

- Zut, oui. Pardon. Merde. Désolé. J’ai pas fait exprès, ‘fin tu t’en doutes. Excuse-moi. Je suis distrait, tu sais.

Il bascula en arrière après ces pitoyables excuses, et s’assit sur la dernière marche de l’escalier pour laisser le jeune homme respirer tout en frottant son genou droit, qui avait pris le plus cher. Une chance qu’il ait atterri par terre et pas autre part, celui-là, c’était un coup à faire un bleu de folie à Nath. Ou à l’empêcher à tout jamais d’avoir une descendance, selon l’endroit. Zut. Quel idiot, quand même.

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MessageSujet: Re: Et bim. [PV Nath]   Et bim. [PV Nath] Icon_minitimeLun 9 Jan 2012 - 21:00

Crevé. Fatigué. Lassé. Énervé. Sans oublier tous les autres adjectifs qui pourraient être dans le même style que cela. Voilà comment je me sentais, ce samedi matin. Bah ouais. On est que le matin que j'en ai déjà marre. J'aurais mieux fait de jamais quitter mon lit, c'est moi qui vous le dit. D'ailleurs, je ferais bien d'y retourner, là. Ouais, je crois que c'est que je vais faire. Je vais retourner dans ma piaule, et Nerran ou pas Nerran, 'm'en fout, j'y resterait jusqu'à... Jusqu'à... Uhm... Jusqu'à une période encore indéterminée. Ouais. Voilà. Et là, peut-être que mon humeur aura une chance de grimper de nouveau à la hausse.

Et là, vous vous demandez sûrement pourquoi j'suis de si mauvaise humeur si tôt dans la journée. Et ben figurez-vous que... J'ai pas envie d'le dire. Ben oui, pourquoi je devrait vous raconter ma vie, aussi, hein ? Ca a pas de sens. C'est pas comme si j'avais l'intention de sortir mon autobiographie demain, non plus, hein. Quoi que. Ca serait une bonne idée, en fait. J'pourrais gagner un max de thune. En plus, il n'est arrivé suffisamment de « malheurs » dans ma vie pour remplir au moins deux-trois tomes. Ouaip. Faudrait que j'y pense. En plus des gens canons me prendraient en pitié, au j'pourrais me les faire. C'est une bonne idée, en fait !

Bon. Bah comme finalement les plans ont changés, peu-être que je vais vous raconter toute ma merde. Eh bien en fait c'est très simple, figurez-vous. Au début, elle avait bien commencé, cette matinée. J'me suis réveillé pénard, ni trop tôt ni trop tard. J'ai traîné dans mon lit. Et puis quand vraiment j'ai commencer à me faire chier grave, j'me suis levé. Pis j'suis allé sous la douche. Je sais pas trop combien de temps je suis resté sous l'eau chaude, mais c'que je peux vous affirmer, c'est qu'après ça j'me suis sentis plus que bien. Haha. Bref. Ensuite, j'm'en suis allé vers les jardins, simplement histoire de me balader.

Sauf que voilà : Coup du sort ou plan machiavélique déjà tout prêt préparé, je suis tombé sur la seule personne qui aurait pu gâcher tout mon bon plaisir de ce petit samedi matin : Le dirlo. Mon dieu qu'il m'énerve, celui-là. Depuis que je suis ici, son passe-temps favoris est de me pourrir l’existence, à toujours me taquiner joyeusement et cetera et cetera. Et évidemment, dès qu'il m'a aperçu, il n'a pas changé de comportement à mon égard : Accourant d'une manière digne de Laura Ingalls dans ma direction, agitant les bras comme s'il pensait que ça pourrait le faire voler, grand sourire niai au visage, il s'est ensuite mit à me bassiner avec je-ne-sais quelles bêtises, tout en m'affublant de surnoms tous plus stupides les uns que les autres à le « Alychou » ou encore « Nathounet ». Et là encore j'vous épargne les plus longs et cons. Et le pire c'est qu'il ne m'a lâché que quand la sous-dirlo est accourue vers lui, telle sa nounou, pour lui demander de retourner travailler. Nan mais j'vous jure, c'est à se demander ce qu'il a dans le crâne, celui-là. A part du moisi, j'veux dire.

Et donc, voilà le pot-au-roses. La solution de l'énigme. C'est pour ça, que j'suis de mauvais poil. Oui, pour ça. … Comment ça, « QUE » pour ça ?! Ca se voit que c'est pas vous, la victime préférée de ce pédophile ! Nan, mais c'est vrai, quoi . Le mec, il a deux milles ans – sûrement même plus, et il agit comme s'il en avait cinq. Y'a un p'tit problème, là vous croyez pas ? Chais pas, en général, quand on parle d'un vieux sorcier de deux milles ans, on pense à un gars comme l'autre Dumbledor, pas à... ça ! Enfin bref. Restons calme. Tout va bien. Oui. Voilà. Toouuuut va pour le mieux, et dans le meilleur des mondes. Et puis, je suis dans les escaliers, maintenant, c'est pas comme si quelque chose allait de nouveau me tomber dessus pour me faire chier, non plus.

Ouais. C'est ce que je croyais. Parce que EVIDEMMENT, il a fallu que le contraire arrive à peine cinq secondes plus tard. Mais attention hein ! Pas le contraire genre quelqu'un viens juste me causer. Non. Non, bah non, pensez-vous, ça serait pas assez drôle, ça. Ben oui ; il a fallu que quelqu'un tombe LITTERALEMENT sur moi depuis le haut des marche, m’entraînant dans sa stupide chute jusqu'en bas. Bah oui. Ca aurait pas été assez bien pour le destin, sinon. Pensez-vous donc.

Quoi qu'il en soit, alors que je suis maintenant en sandwich sous... Sous... une masse-humaine non-identifiée, je peux vous dire que j'ai soudainement – et très étrangement, beaucoup plus de mal a respirer. C'est étrange, non ? Moi, je trouve ça étrange. Étrange que celui ou celle devant moi n'ai pas décidé d'entamer un régime. Ouaip. C'est vraiment un mystère, ça. Sans oublier le mystère numéro deux : POURQUOI CE CRETIN RESTE LA, SUR MOI ? Ca lui plaît ? J'suis confortable, c'est ça ? Ou alors il tiens à finir comme la torche principale d'un feu de bois, c'est ça ? Enfin, heureusement, vient le moment où la future-torche-humaine vient à se décider de prendre la décision ultime de sa vie : me laisser libre cours à l'utilisation de mes poumons. Et là j'ai envie de dire : chapeau l'artiste !

- Oh, salut Nath. Je pensais à toi justement. Ça fait un moment, non ?

Gné ? Mais j'la connais cette voix ! Dites-moi pas que... Le crétin en question ça serait Haziel ?! Non mais c'est sérieux, là ! Et puis qu'est-ce qui lui prend, à ce mec, de me tomber dessus, comme ça ? C'est ça nouvelle technique de drague ? Ca lui suffisait pas, l'autre fois ? Oui, parce que l'autre fois. Haha. Figurez-vous qu'un jour où j'étais malencontreusement très saoul, j'ai malencontreusement très oublié que Haziel, même si notre train-train c'est de se chamailler et tout et tout... C'est quand même un prof. Et je l'ai dragué. Et évidemment, bah il a fallu que mon charme opère ! Alors j'vous laisse imaginer la suite, bandes de coquins.

Enfin bref. Me redressant que très légèrement, en prenant appuie sur mes coudes, je lance à Haziel un regard mi-las mi-dépité mi-énervé, voulant en fait dire quelque chose comme « Ca va, tout est normal, dans ta tête d’ahuri finis, là ? Y'a rien qui cloche ? ». Non, parce que c'est vrai qu'il vient quand même de me tomber à la gueule, le mec. Et lui, ça première réaction « oh, tiens salut, comme on se retrouve » je sais pas quoi je sais pas quoi. Il va pas bien, celui là. Enfin, heureusement, il a finit par se rendre compte de l’intrus de l'histoire, puisqu'il s'est mit à me lancer, comme pour se rattraper :

- Zut, oui. Pardon. Merde. Désolé. J’ai pas fait exprès, ‘fin tu t’en doutes. Excuse-moi. Je suis distrait, tu sais.

Sans blague. J'l'aurais pas deviné moi-même, tiens donc. Heureusement qu'il est là, tiens. Enfin bon. Au moins, maintenant, il me laisse enfin respirer pleinement, il s'est même laisser tomber en position assise sur une des marches de l'escalier. Et moi, je me redresse totalement. Enfin, toujours en restant en position assise, hein. Tout en lâchant un grand soupire pour accompagner mon geste. Heureusement pour moi et ma flemme, j'étais déjà assez près du mur pour que mon dos puisse l'atteindre sans que j'ai à bouger. Puis, après avoir fourré mes mains dans mes poches tout en repliant un tout p'tit chouilla mes jambes, simplement histoire que la plante de mes pieds puisse toucher le sol, j'me met à taper l'arrière de mon crâne contre le mur, tout en râlant à autre voix :

« Journée de merde, de merde, de merde, de merde. Avoue c'est le dirlo, qui t'as dis de faire ça. J'le sens bien, ce genre de coup fourré, c'est bien de son genre. J'te jure. P't'ain. »

Et hop, nouveau soupire. Et puis j'arrête de me marteler la tête. Regard levé vers le plafond, je rumine en silence. Pis j'me souviens. Attends là. Il a bien dit qu'il pensait à moi ? Et je dois le prendre comment, ça, au juste ? Fronçant les sourcil, je pivote la tête vers lui, 'pis j'lui lance :

« Et tu pensais à quoi, exactement au juste ? Simple information, hein. »

Voyant quelques élèves passer nous regarder bizarrement, je me rends compte que je suis un peu en train de squatter un escalier avec un prof, et que je lui parle comme si c'était n'importe qui. Bon, en l’occurrence, c'est un peu n'importe qui, c'est pas comme si c'était un sur-homme, non plus. Mais voilà, quoi. Pour moi ça semble normal, mais je suppose que ça doit leur faire bizarre de voir un élève tutoyer un prof. … Quand j'pense que j'suis sûrement le seul à pas le vouvoyer. L'horreur. Ca craint. Ca craint tellement que j'peux pas m’empêcher de lui faire, moue dégoûté aux lèvres :

« Sérieux, ça t'fout pas la gerbe d'être vouvoyé H24 ? C'est la merde, ça ! »

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MessageSujet: Re: Et bim. [PV Nath]   Et bim. [PV Nath] Icon_minitimeMer 11 Jan 2012 - 23:32

L’insolence, ça vient du latin insolentia, et c’est quelque chose que la grande majorité des enseignants à travers le monde est capable de détecter.
Manque de pot pour lui, Haziel n’avait jamais saisi ce concept. Pour aller plus loin, en fait, les notions d’autorité et de soumission étaient quelque chose de très, très vague dans sa tête. Et c’était sans doute pour ça qu’il pouvait parler avec Nath plus de cinq minutes. S’il avait eu le sens des réalités, il aurait sans doute eu envie de l’envoyer embrasser le carrelage, ou il se serait au moins demandé comment les autres profs s’en sortaient. Mais la question n’effleurait même pas Haziel, et quand bien même, il s’en badigeonnait allègrement les œufs avec le pinceau de l’indifférence.

Mais revenons en à l’escalier, donc. Nath s’était mis en position assise aussi, et il n’avait pas l’air particulièrement enchanté de le croiser, à se taper la tête contre le mur, même. Quoi, pour une dégringolade de rien du tout ? Allons bon. Petite nature.

« Journée de merde, de merde, de merde, de merde. Avoue c'est le dirlo, qui t'as dis de faire ça. J'le sens bien, ce genre de coup fourré, c'est bien de son genre. J'te jure. P't'ain. »

Tout devenait tout de suite beaucoup plus clair, surtout ponctué de soupirs qui montraient bien à quel point il était lourdé. La capacité du directeur à porter sur les nerfs de tout un chacun tenait du surnaturel.

- Ah bah, non, je pense pas en tout cas. Ou alors j’ai oublié, c’est possible aussi. Il a déjà titillé ta patience, là, de bon matin ? Le rustre, quand même.

Un petit moment de silence, apparemment passé pour Nath à remâcher sa mauvaise humeur, alors qu’Haziel se faisait la réflexion qu’il avait oublié ses cigarettes. Pas qu’il soit gros fumeur non plus, mais après le petit-déjeuner ces choses-là étaient toujours bienvenues.
Assez brutalement, Nath eut l’air de se souvenir d’un truc, et se réintéressa à sa petite personne. Pour lui demander ce à quoi il pensait, un peu plus tôt. Ben tiens. Comme si ça pouvait faire l’ombre d’un doute. Ce fut au tour d’Haziel de pousser un profond soupir, puis de se frotter les yeux. Les élèves qui passaient par moments ne le gênaient pas, mais lui, il avait l’air de les gêner. Lui, ou plutôt l’ensemble pieds nu/squatt de l’escalier par un membre du corps enseignant comme s’il avait mal digéré sa crise d’adolescence/belle tâche marron sur son haut. En même temps, un samedi matin, il avait des excuses, et Haziel n’avait de toute façon pas exactement la réputation d’un fana de la discipline. Ah, mais Nath lui avait posé une question. Quoi déjà ? Ce qu’il pensait. Avant qu’il ait pu se remuer suffisamment les synapses pour répondre, son vis-à-vis avait déjà enchaîné.

« Sérieux, ça t'fout pas la gerbe d'être vouvoyé H24 ? C'est la merde, ça ! »

Oui, en effet.

- Carrément. Limite gênant, mais le pire c’est « monsieur », alors que bon, je fais plus gitan que monsieur, ‘fin j’espère. Heureusement qu’il y en a des comme toi pour compenser ça, hein. Le pire, c’est les japonaises qui t’appellent « sensei ». Mais d’ailleurs, toi tu dois avoir du « sama » ou quelque chose du genre, non ? T’es pas président d’un truc ?

D’un truc, ça lui rappelait vaguement quelque chose. Pas qu’Haziel se préoccupe particulièrement des clubs, conseils ou regroupements sectaires des élèves. Quoique, il voyait bien Nath président du club d’abstinence, juste pour l’ironie de la chose. Mais trêve de diversions.

- Et tout à l’heure, je me faisais la réflexion que je pourrais aller me plaindre à la direction pour abus sexuel. J’en parlerais un an après à cause du traumatisme, tu vois le genre. Le directeur adorerait un truc comme ça, j’pense, surtout qu’il t’aime bien.

Pieux mensonge évidemment, mais il savait que Nath réagirait au quart de tour et, franchement, il en souriait d’avance. Autant avec le quidam de base l’agitation l’agaçait, autant quand c’était Nath il s’amusait toujours. Peut-être parce qu’au fond lui non plus ne prenait rien au sérieux.

- Dis voir, tu aurais une clope ? D’ailleurs, tu fumes toi ? C’est mal de fumer, surtout jeune, lança-t-il en même temps qu’il y pensait.

Une fille d’une douzaine d’années qui passait tourna la tête en entendant cette demande, et les considéra d’un air perplexe.

- C’est un code, ajouta Haziel à son intention. Elles sont en chocolat. C’est interdit de fumer à l’intérieur, tu sais.

Elle hocha la tête, sans qu’il soit possible de dire si elle était convaincue ou pas, et poursuivit son chemin. Haziel se demanda une seconde si ça ne frôlait pas un peu le ridicule de balancer un truc aussi débile comme ça, gratuit. Carrément, en fait. Mais il décida qu’il s’en foutait, puisque la gamine n’était pas une de ses élèves – enfin, il espérait que non – et que Nath en avait vu d’autres en matière de répartie stupide.

Plus pour s’occuper les mains qu’autre chose, Haziel détacha ses cheveux et réenroula l’élastique autour, élastique qui se fit un devoir de glisser pour retourner à sa place première dans la seconde où il fut libre.
Le professeur reporta son attention sur Nath. Ça devait bien faire un mois qu’il ne l’avait pas croisé, et mine de rien ça lui faisait plaisir. Pas d’amour, loin de là même – Dieu le préserve de jamais tomber amoureux d’un spécimen dans ce genre –, mais peut-être une espèce d’affection. Ou de sympathie. Ou de je-ne-sais-quoi dont tout le monde se foutait bien, au fond.

Machinalement, Haziel s’étira et étendit les jambes, en se vautrant un peu plus sur les marches dans l’espoir un peu naïf de rendre un angle droit en marbre confortable pour son dos. Des fois, il avait l’impression d’être entièrement constitué de chewing-gum mâché, un peu dans le genre de la fille-élastique qu’il avait croisé, ou dont il avait entendu parler, il ne savait plus trop. Il se sentait comme un espèce d’ado attardé, ou de retardé mental (léger du crâne, on disait lorsqu’il était encore dans le « monde réel »). Si il avait demandé à Nath, d’ailleurs, il lui aurait sûrement répondu qu’il rentrait dans la catégorie connexion bas débit plutôt qu’éternel gamin. Pour sa part, Haziel le mettait en plein sur la case garce cynique dans ses mauvais jours.

Quelles réflexions passionnantes, monsieur Austen, quel esprit profond. Vous n'avez pas mis votre caleçon Mastermind pour rien, tiens.

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